lundi 11 juin 2012

L’allaitement : pour ou contre ?



Le dossier de cette semaine sera donc l’allaitement. Faut-il allaiter son enfant ou non ?
Je vous présenterais d’abord les points négatifs puis les points positifs de l’allaitement pour conclure par ma propre expérience avec en prime mes petits conseils persos.

La Première chose qui me vient à l’esprit c’est la difficulté à mettre en place un bon allaitement. Pourquoi me diriez-vous ? Après tout, le bébé sait de façon innée, téter. Ce n’est pas si évident que cela, la succion est instinctive mais la tétée est un peu plus compliquée. Les premiers jours, le bébé tâtonne, ne sait pas bien prendre le sein. Et si on n’arrive pas à bien le guider, on se dirige soit vers un échec, soit vers des crevasses au niveau des tétons. Et avec des crevasses aux seins, on a tout sauf envie d’allaiter.  La question demeure, pourquoi est-ce si dur en France alors que cela à l’air si simple dans les autres pays (surtout dans l’hémisphère sud).
A mon sens, cela a trois causes.
 La première est  que nous n’avons plus l’habitude de voir des femmes allaiter. Combien parmi vous se rappelle avoir vu dans son enfance une femme allaiter. Moi personnellement, aucune. Et cela est primordial, car nous n’avons pas intégré les bons gestes de façon inconsciente ; notre corps ne doit pas se rappeler ce qu’il a  déjà vu dans son enfance mais doit tout apprendre. On part de zéro. Il n’y a rien de plus angoissant surtout pour une jeune maman.
La deuxième est que le bébé a le choix : s’il ne tête pas bien, on le passe au biberon.  Je sais que ce que je vais écrire est politiquement incorrect mais dans les pays du Tiers-Monde, un bébé qui ne tête pas bien est un bébé mort. Chez nous, heureusement, nous pouvons donner du lait artificiel.
La dernière cause est en lien avec les deux premières : le personnel médical qui ne vous aide pas toujours efficacement pour mettre en place un allaitement.  Le problème d’ailleurs ne vient pas tant des sages-femmes et puéricultrices mais de l’organisation et du manque de personnel. Comment voulez-vous passer deux heures avec une femme pour l’aider à mettre en place son allaitement quand vous devez vous occuper de 20 ou 30 femmes  dans votre service. Trop de travail pour pas assez de personnel donc on ne s’encombre pas .Hop ! Un bibi et le bébé va bien. Ceci n’est pas le cas de tous les services de maternité donc renseignez-vous quant à la politique de l’allaitement de l’établissement.

Le Deuxième point négatif de l’allaitement, c’est le stress dû la qualité de son lait. Est-ce que j’ai assez de lait, ou mon lait est-il de bonne qualité ? Toutes ces questions, on ne cesse de se les poser surtout quand on est une jeune maman. Et là encore, les médecins ne nous aident pas car attention, le bébé doit prendre du poids. Certains vous diront une tétée toutes les deux heures, d’autres à la demande. C’est-à-dire quand le bébé a faim. Et comment savoir que le bébé a faim ?  A moins d’avoir une boule de cristal ou un allaitement bien en place, on le met au sein.

Ce qui me permet d’aborder le Troisième point négatif de l’allaitement : l’impression d’être une vache. Non, il n’y a pas d’autres mots. Surtout que dans le premier mois, on ne fait pratiquement que ça. A peine a-t-on fini la tétée, de lui changer sa couche, de le peser pour les angoissées qu’il faut déjà recommencer à lui donner le sein. Et même si avec le temps, les tétées s’espacent, sont moins fréquentes ; elles seront toujours plus nombreuses qu’avec un allaitement artificiel.

Le Quatrième point est que seule la maman participe au repas. Le papa ne peut pas vous soulager d’une nuit blanche en donnant le biberon de 2 heures du matin. Adieu les : « chéri, c’est à ton tour de donner le bibi ». C’est plutôt : « Ma chérie,  le bébé pleure. Je crois qu’il a faim. » Ou variantes : "Je voudrais bien y aller mais je ne peux pas l’allaiter » Et ma préférée : « c’est toi qu’a voulu l’allaiter ! »

Le Cinquième point est le moment de la reprise du travail. Vers les 3 mois du bébé alors que l’allaitement commence à bien se mettre en place. Théoriquement, le code du travail autorise la maman à s’arrêter pour aller allaiter son bébé (à moins d’avoir une crèche d’entreprise, je ne vois pas comment cela est réalisable) ou de prendre une pause pour tirer son lait (tout dépend du métier que vous exercez et de la compréhension de votre patron). Bref, allaiter son enfant tout en travaillant est très compliqué surtout  qu’avant 6 mois, le bébé ne se nourrit que de lait. D’autant plus que les crèches ne prennent plus pour des questions d’hygiène le lait maternel. A moins d’être super motivée ; la plupart d’entre nous arrête l’allaitement à ce moment-là.

Le Sixième point est la colique du nouveau-né.  La flore intestinale du bébé n’étant pas encore constituée, la digestion peut parfois être difficile. D’où des nuits blanches donc plus de fatigue donc moins de lait donc découragement.  Donc arrêt de l’allaitement.

Le Dernier point concerne la fausse idée que l’allaitement abime les seins. En fait, c’est la prise de volume pendant la grossesse qui les abime et pas l’allaitement.


Pas trop découragée ?

Bon passons aux points positifs.

Le Premier et pas des moindres est l’aspect pratique de l’allaitement. Pas de biberon à nettoyer, ni à préparer  à moitié endormie, pas de stérilisation (personnellement, je ne suis pas pour). Le lait maternel est toujours prêt et toujours à bonne température. Et ça, sur une journée, je peux vous dire que cela vous allège. On veut sortir s’aérer, on prend juste deux ou trois couches, de quoi le nettoyer et hop, on part en balade. Le bébé a soif (surtout en été), on s’assoit et on lui donne la tétée. No stress.

Le Deuxième point  est le coût.  Alors que l‘allaitement ne coute rien, il faut compter en moyenne 20 euros pour une boite de lait maternisé (et je ne parle pas de celles que l’on trouve en pharmacie). C’est une grosse économie surtout au vu de toutes les autres dépenses (couches, habillement, matériel de puériculture).

Le Troisième point concerne la santé du bébé puisque des études épidémiologiques ont prouvé que l’allaitement protégeait des gastroentérites, des infections respiratoires (bronchiolites) et des allergies. Avantage non négligeable lorsque l’on sait que la plupart de nos bout de chou sont en collectivité dès 3 mois (crèche ou assistante maternelle).

Le Quatrième point est le contact avec le bébé lors de la tétée. Intime moment partagé avec son bébé, peau à peau. Bonheur de sentir son abandon total après la tétée, blotti dans les bras de sa maman. Moment privilégié entre la maman et son bébé qu’eux seuls partagent. Sentiment de plénitude d’être à sa place : je suis une maman et je nourris mon enfant. Peu de moment dans notre vie nous donne cette certitude.

Le Dernier point est l’apaisement qui suit la tétée. Avantage surtout la nuit car cela permet à la Maman de se rendormir très rapidement. Et la journée, une petite sieste de 5 minutes  sur le canapé avec le bébé dans les bras redonne des forces à la maman.

En conclusion, je dirais que si tous les points négatifs vous ont découragée, c’est que vous n’étiez pas prête à allaiter. Car la question est là : est-ce que  j’ai envie  d’allaiter mon bébé ?
Il ne faut pas s’en poser d’autres et surtout ne pas écouter les gens autour de soi. Deux camps s’opposent : les pro-allaitements qui font culpabiliser les femmes ne désirant pas allaiter et les féministes pour qui allaiter c’est revenir à la servitude et au moyen-âge.

Personnellement, l’allaitement de mes deux filles était une évidence. Je ne me suis jamais posée la question. J’allais allaiter mes enfants. Et pourtant j’ai vraiment galérée surtout pour la première. J’ai tout cumulé : accouchement pas césarienne, mis au sein après plus de 2 heures, biberon donné avant que je remonte de salle de réveil, bout de sein silicone, bébé que l’on forçait à téter. Tout ce qu’il ne faut pas faire. J’ai réussi à lui donner  mon lait mais en le tirant grâce à une machine. J’ai arrêté au bout de 3 mois à la reprise du travail. Pour la deuxième, j’ai tenu  jusqu’à la diversification alimentaire en faisant un allaitement mixte car je ne pouvais donner mon lait à la crèche. J’en profite pour signaler que j’avais des doutes sur la qualité de mon lait car ma fille avait un petit gabarit. Je m‘étais même dit qu’elle grossirait au passage de l’alimentation diversifiée. Et bien non, elle est restée menue et l’ai toujours à deux ans révolus. Conclusion, oui l’allaitement n’est pas facile à pratiquer surtout en France où rien ne vous y aide mais oui cela vaut le coup. La santé du bébé et la qualité de l’échange que l’on a avec lui ne vaut-il pas le coup ? Et pour celle qui ont peur d’avoir un bébé pendu à son sein : ma fille du moment où j’ai arrêté de lui donner le sein, n’a plus réclamé de tétées. Elle aussi voulait passer à autre chose.


Futures Mamans, mon dernier conseil sera : écoutez-vous. Si vous avez envie d’allaiter votre enfant ; alors foncez et surtout tenez bon. Et pour les indécises : renseignez-vous. Le site de la Leche League est très instructif bien que trop pro-allaitement à mon goût. Et si vous n’avez pas envie ou ne vous en sentez pas le courage : ne culpabilisez pas. Prenez votre dictionnaire et regardez aux mots Nourrice et Frère de Lait. Autrefois, au temps où le lait en poudre n’existait pas (ainsi que les lobbies alimentaires), lorsqu’une femme ne voulait ou ne pouvait pas allaiter son enfant, on le confiait à une nourrice.
C’est l’amour qui fait grandir un enfant pas le lait qu’il boit.

Mais au-delà de la problématique d’allaiter son enfant, il est frappant de voir à quel point cela peu déchainer les passions. Car finalement, c’est l’image de la femme qui se dessine dernière cela. Est-on femme parce que l’on s’est soustrait aux modèles ancestraux. Quelle-est la place de la femme aujourd’hui et surtout que doit-elle être. Sujet que j’aborderais la semaine prochaine. La femme d’aujourd’hui : qui est-elle et que doit-elle être ? Mais surtout que veut-elle ?


Mes  Douze conseils pour un allaitement réussi :
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-          Préparer ses tétons et ses aréoles en les massant au moins une fois par jour avec de la crème hydratante dès le 6 mois de grossesse. La peau des aréoles va peu à peu de désensibiliser et il y aura moins de risque de crevasses par la suite.
-          Lisez le livre L’allaitement, de Marie Thirion. Plein de bons conseils et il explique bien les mécanismes de l’allaitement
-          Si vos seins sont plats (tétons sortant qu’après stimulation), achetez un tire-lait  afin de désengorger le sein lors de la montée de lait. C’est plus pratique que le verre tahitien.
-          Lors des premières tétées, restez calme, le bébé tâtonne et vous aussi. Et surtout ne tirez pas sur votre sein par peur qu’il s’étouffe. C’est le meilleur moyen d’avoir des crevasses, chacun tirant de son côté. De plus le nez du bébé est conçu pour la tétée (tous les bébés humains se ressemblent).
-          Surtout, n’utilisez pas de bout de sein en silicone. La lactation a besoin du contact de la bouche du bébé. Le bébé prend dans sa bouche presque toute l’aréole et pas uniquement le téton.
-          N’hésitait pas à dormir la nuit avec votre bébé malgré les recommandations  des médecins ou des puéricultrices. Une bonne nuit de sommeil avec votre bébé dans le lit vaut mieux qu’une nuit blanche dans son lit.
-          N’hésitait pas à lui donnait la tétée de la nuit dans votre lit. Vous vous endormiraient ensemble et ne craignez pas de l’écraser. Les femmes dans tous les pays du monde le font depuis des milliers d’années et je n’ai jamais entendu de bébé écrasé par sa mère.
-          Achetez un couffin pour garder le bébé avec vous la nuit. Vous le mettrez à côté de votre lit (si la place le permet). Pour la tétée de la nuit c’est plus pratique que d’aller le chercher dans son lit.
-          Achetez un coussin d’allaitement. C’est pratique avant l’accouchement pour caler ses jambes ou son dos et cela permet d’avoir une position confortable lors de l’allaitement.
-          Si vous vous sentez dépassée ou déprimée, n’hésitez pas à téléphoner à votre sage-femme  (rééducation du périnée) ou même appelez la Leche League. Ils seront de bons conseils.  Surtout ne vous isolez pas. Communiquez.
-          Mangez normalement, dormait le plus souvent et ne vous occupez pas des tâches ménagères. Elles peuvent attendre. Remplissez votre congélateur de plats cuisinés (à moins d’avoir un papa qui aime faire la cuisine).
-          Ne vous laissez pas envahir  par le défilé des gens voulant voir la septième merveille du monde et évitez, si possible, de recevoir chez vous votre famille à moins qu’il vous aide pour la logistique. Ménagez-vous et faites-vous chouchouter.

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